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Infographie : transport de marchandises et décarbonation

12 octobre 2021 Natacha Parise

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Les entreprises ont toutes les raisons d’agir. Les professionnels interrogés ont en tout cas quelques idées sur ce qui motive leurs employeurs. La prise de conscience écologique, bien sûr, touche également les directions d’entreprise.

Mais, lorsqu’il s’agit de travailler spécifiquement sur le transport de marchandises, les entreprises ne sont pas au même niveau de maturité. En effet, seuls 41% des professionnels interrogés déclarent que leur entreprise s’est dotée d’un plan d’action de réduction des émissions de GES dédié au fret. Cette part, insuffisante, est amenée à s’accroître puisque 17% des répondants estiment qu’un tel plan est néanmoins en cours de préparation. En outre, le transport de marchandises est un domaine complexe, difficile à optimiser, et dont la manipulation peut entraîner de nombreux effets indésirables du fait de son interdépendance avec les autres fonctions de l’entreprise.

En matière climatique comme en toute autre, l’argent est le nerf de la guerre. Les objectifs, les organisations et, bien entendu, les bonnes intentions ne sont rien sans financements. Et, à ce stade, force est de constater que les entreprises n’ont pas pris la mesure des enjeux. 24% des répondants seulement déclarent que leur entreprise consacre un budget à la réduction des émissions de GES du fret. On rappelle à cette occasion que la décarbonation du fret n’est pas un « simple » enjeu de bienveillance humaniste – ce qui, étant donné l’ampleur des bouleversements climatiques qui nous attendent, devrait somme toute suffire. Cela va plus loin.

Parmi les 10 leviers proposés par l’enquête, dont les répondant ont dû juger de la pertinence technique comme économique, 2 se détachent nettement. 76% citent ainsi la possibilité d’inciter leurs transporteurs à réduire leur consommation de carburant (écoconduite, véhicules récents…). Quant au levier achat permettant de décarboner le mix énergétique, autrement dit favoriser les transporteurs proposant des motorisations alternatives lors des appels d’offres, il est considéré comme pertinent par 63% des professionnels consultés. Ces deux leviers sont les seuls à dépasser la barre symbolique des 50%.

Ces réponses correspondent bien à ce qui est observé sur le marché, où les donneurs d’ordres, de plus en plus, intègrent des listes conséquentes de critères environnementaux à respecter. Bien entendu, les transporteurs ont un rôle à jouer dans la décarbonation du fret, et c’est une excellente nouvelle de constater que les donneurs d’ordres sont décidés à utiliser l’incitation pour enclencher le mouvement. Néanmoins, on peut se demander si les donneurs d’ordres ne cherchent pas à se décharger de leurs responsabilités.

Par ailleurs, se reposer uniquement sur les transporteurs pose un problème. Les prestataires de transport ont généralement une capacité d’investissement limitée, le secteur étant abonné aux faibles marges. Aussi, fixer des cahiers des charges environnementaux à rallonge sans ajuster les tarifs en conséquence relève du vœu pieux. Les donneurs d’ordres sont-ils prêts à payer plus cher pour moins émettre ?

On le rappelle, la décarbonation du fret passera nécessairement par des investissements significatifs, et les transporteurs ne seront pas en capacité de les réaliser seuls. Une logique partenariale s’impose. On en est visiblement encore assez loin. L’amélioration des relations fournisseurs – dont font partie les transporteurs – est la motivation la moins citée par les répondants pour laquelle les entreprises entament la décarbonation de leur fret (seuls 13% estiment qu’elle y contribue fortement.) Surprenant, quand on met cela en face des attentes qui pèsent sur les prestataires de transport.

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